Le 19 juin dernier, l’IME de Marvejols était inauguré sous le nom d’IME Eunice Kennedy Shriver. Pour l’occasion, familles, professionnels, partenaires, entreprises, près d’une centaine de personnes avaient répondu à l’invitation.
Après les prises de parole du Directeur Général de l’Association Le Clos du Nid, et de son Président, le Dr Jacques Blanc, des visites se sont organisées pour découvrir le site particulièrement innovant dans sa conception.
C’est la méthode de co-construction employée qui a permis de mener à bien ce projet : analyse des enjeux, réunions avec les usagers et les familles pour recueillir leurs points de vue, observation des pratiques in situ …
Le projet actuel est vraiment le fruit de ces échanges et de cette concertation pour la réalisation d’un bâtiment comme outil de support aux modalités d’accompagnement, pour un bâti qui évolue vers un modèle scolaire, pour un bâtiment qui favorise le développement de l’autonomie des jeunes.
Avec des synergies entre les secteurs éducatifs et thérapeutiques, des zones différenciées selon les tranches d’âges, des espaces flexibles pour prendre en compte l’évolutivité des prises en charge, le nouvel IME offre un nouveau cadre de vie pensé par et pour ses résidents.
Avec un budget de 5.9 millions d’euros pour l’IME, le chantier a rassemblé presque exclusivement des entrepreneurs lozériens.
Patrick Julien a insisté sur l’évolution de l’établissement et ses différentes transformations. L’évolution de son périmètre d’action tout d’abord, plus recentré sur le département et la région. La transformation de l’accompagnement orientée vers les techniques cognitivo–comportementales avec une place essentielle laissée à l’évaluation des besoins, la mise en place de groupes d’habiletés sociales et de remédiation cognitive et l’importance accordée à la scolarisation et la formation des enfants et des jeunes. La transformation architecturales, pilotée par la programmiste Fany Cerese et le cabinet d’architecture Patrice Genet, offre des espaces et des aménagements totalement pensés pour les enfants avec TND et TSA.
Le Président Blanc est largement revenu sur les raisons qui ont amené l’Association à appeler l’IME, L’IME Eunice Kennedy Shriver.
« Qui pouvait imaginer que l’Abbé Oziol, ce petit enfant de Rocles, près de Langogne, allait sillonner le monde ? Après avoir appris l’anglais pendant 1 an, l’Abbé va réaliser une série de voyages aux Etats-Unis dès 1961 , rencontrer Rose Mary, la sœur des Kennedy atteinte de handicap, et le Père Christopher, l’aumônier de la famille Kennedy. C’est donc tout naturellement que, lorsque Eunice Kennedy s’installe en France avec son époux Robert Sargent Shriver, devenu Ambassadeur des Etats Unis, il les invite en Lozère. J’ai eu la chance en tant que médecin psychiatre au Clos du Nid de participer à cette visite qui nous a marquée. » explique le Président.
Eunice Kennedy s’est beaucoup investie pour l’enfance en situation de handicap, à créé de nombreuses fondations et même les Jeux olympiques Spéciaux destinés aux personnes en situation de handicap cognitif, qui existent toujours aujourd’hui.
L’admiration que lui vouait l’Abbé Oziol mérite que son passage soit immortalisé. « [son amitié] me prouvait que des êtres placés au sommet de la hiérarchie par leur naissance, leur sens des affaires, leur fortune, conservaient leur qualité de cœur qui font que l’Homme reste digne d’être un Homme. » écrivit l’Abbé.
Une personnalité et une œuvre qui sont en parfaite cohérence avec la stratégie déployée par l’Institut Médico Educatif qui accompagne près de 60 enfants en situation de handicap. Une stratégie où chaque parcours est individualisé et des ambitions que l’on peut considérer en phase avec la vision d’Eunice Shriver Kennedy au vu de toute sa mobilisation pour l’enfance handicapée et tout ce qu’elle peut laisser comme héritage.
POUR EN SAVOIR PLUS
Pourquoi IME Eunice Kennedy Shriver ?
L’Abbé Oziol va effectuer une série de voyages aux Etats unis dès 1961. S’il se rend Outre Atlantique, « par curiosité de voir là-bas, ce qui se fait pour les enfants handicapés », il va très rapidement être repéré et sollicité pour des conférences afin de témoigner de son expérience lozérienne. D’observateur, il deviendra rapidement professeur afin d’évoquer sa vision et les méthodes qu’il déployait en Lozère.
L’histoire de l’Abbé Oziol avec la famille Kennedy débute lors d’un de ces voyages, lorsqu’il rend visite à Rose-Mary Kennedy, à St. Coletta’s dans l’Illinois. Alors qu’il est de passage à New York, il rencontre le père Christopher, aumônier des Kennedy.
Lorsque Robert Sargent Shriver, l’époux d’Eunice Kennedy, devient Ambassadeur des Etats Unis en France, c’est tout naturellement qu’il les invite en Lozère pour leur faire découvrir les établissements du Clos du Nid dont la notoriété commence à dépasser les frontières du département. C’est assurément le caractère avant-gardiste du Clos du Nid, insufflé par l’Abbé Oziol et le Dr Tosquelles, qui a séduit Eunice Kennedy.
L’Ambassadeur des Etats-Unis et son épouse se rendent donc en Lozère en mai 1969. Une visite au cours de laquelle le couple visite notamment les Ateliers de la Colagne (le CAT, aujourd’hui ESAT). A l’issue de ce déplacement, Sargent Shriver dira « Américains et français avons beaucoup à collaborer au sujet des enfants mal adaptés et inadaptés. Nous avons beaucoup appris ici aux Ateliers de La Colagne. Ma femme a invité des experts américains à venir étudier vos travaux. Je vous félicite Monsieur l’Abbé pour votre courage et pour votre vision du problème. »
Dans un courrier qu’elle lui adresse, le 11 juin 1969, Eunice Kennedy quant à elle, remercie l’Abbé Oziol pour cette invitation et le félicite pour son travail remarquable : « Une institution telle que la vôtre doit convaincre le public que les débiles mentaux peuvent apporter leur contribution dans la vie de leurs familles et de leurs pays. »
L’abbé Oziol et Eunice Kennedy auront des relations suivies durant les 2 années qu’elle passa à l’Ambassade en France, l’Abbé la visitant régulièrement sur Paris et Eunice l’invitant même à boire un drink s’il passe dans le Maryland.
L'IME Eunice Kennedy, plus qu'un nom, du sens !
La personnalité même d’Eunice Kennedy est suffisamment inspirante pour nous convaincre de la pertinence de donner son nom à l’IME :
- Une femme touchée personnellement, de par son histoire familiale, par le handicap de sa sœur Rose-Mary.
- Une femme généreuse qui « déploya une activité infatigable en faveur des enfants de l’ombre » et œuvra toute sa vie au profit des personnes en situation de handicap via la création de nombreuses fondations
- Une femme d’idées, connue comme la fondatrice en 1968 du mouvement Special Olympics qui vient en aide par des activités sportives et de plein air aux personnes souffrant de handicap intellectuel et organise les Jeux olympiques spéciaux.
- Une femme de cœur dont l’Abbé rapporte qu’elle s’occupait activement, lors de son séjour en France, de plus de 80 enfants handicapés, à Jouy en Josas, et, que, lors de goûters qu’elle organisait pour ces enfants dans les jardins de l’Ambassade, « l’Avenue Gabriel se souvient probablement encore de ces cortèges de fauteuils et de lits roulants, qui pour un jour remplaçaient les limousines noires officielles. »