Elaborée à l’origine pour les enfants au début des années 1900 par la psychiatre italienne Maria Montessori, la méthode qui porte son nom, a été adaptée aux adultes âgés atteints de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, par le neuropsychologue américain Cameron CAMP. Aux États-Unis ainsi que dans d’autres pays, la méthode est utilisée auprès des personnes âgées désorientées depuis une douzaine d’années.

Suite aux différents échange qu’il a pu avoir au cours de sa carrière avec les équipes de gérontologie du CHU de Montpellier, le Pr Boulenger soumet l’idée d’expérimenter la méthode au sein des établissements du Clos. A son initiative et avec le soutien de la Direction Générale, il propose à 2 psychologues de se rendre à une rencontre sur Montpellier. Elles réalisent alors que nombre de choses sont transposables et vont permettre d’innover dans les modes d’accompagnement. S’en suit une conférence à l’attention des professionnels de l’association qui suscite l’engouement. Le projet a démarré !

Dans une démarche de recherche-action, il est mis en œuvre l’adaptation de la philosophie Montessori adaptée aux personnes atteintes de handicap au sein de 3 établissements du Clos du Nid :

• Le Foyer de vie Lucien OZIOL,
• Le Foyer d’Accueil Médicalisé Saint Hélion,
• La MAS Aubrac.

“Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles méthodes d’accompagnement thérapeutique non-médicamenteuses pour améliorer la qualité de vie et l’autonomie des personnes » explique le Pr BOULENGER, Médecin Conseiller Technique au Clos du Nid. « Si l’approche Montessori semble être une nouvelle ‘technique’ intéressante, nous devons rester humble quant aux résultats. Nous espérons que cela va amener quelque chose mais nous devons évaluer avant de généraliser, d’où ce Comité de pilotage. »

L’approche Montessori valorise les capacités persistantes de l’adulte en situation de handicap et contourne les défaillances liées aux déficiences cognitives. Son approche est positive. « C’est ce qui nous a séduit et la raison pour laquelle nous avons souhaité cette ‘recherche-action’ », relate le Pr BOULENGER.

En effet, la personne n’est jamais mise en échec. Il s’agit de solliciter les capacités persistantes au niveau social, moteur, cognitif, émotionnel, à stimuler la mémoire des savoir-faire gestuels ritualisés de la vie quotidienne (faire sa toilette, s’habiller, se nourrir…) pour réactiver des automatismes qui font appel à la mémoire. Le fondement de Montessori, c’est aider à retrouver ou à gagner en autonomie dans les actes simples de la vie quotidienne, à retrouver de l’estime de soi.

Christine LHERNAULT, est formatrice au sein de AG&D, organisme sollicité pour accompagner le Clos dans le déploiement de la philosophie Montessori : « L’approche est différente sur un point essentiel : on ne se conditionne pas à l’incapacité de la personne mais tout part de ce que la personne sait ou peut faire. Quand j’interviens en établissement et que l’on intègre un nouveau résident, on le réduit à son dossier clinique : ‘il ne peut pas se nourrir seul, il ne peut pas marcher’ …. La personne est ramenée à ‘la charge de travail’ qu’il représente. Certes on ne peut pas nier cette dimension, mais il fait arriver désormais à se baser d’abord sur le positif : ‘il aime la musique, il lève la main lorsqu’il est satisfait’ … J’incite les équipes lors des réunions de staff et de transmission à noter sur un tableau « les petits bonheurs du jour » : ‘il a dit un mot, il a aimé ce plat…’. Cela ouvre vers des perspectives. »

L’objectif thérapeutique de Montessori consiste à essayer de pallier les troubles cognitifs par un apport de solutions avec un environnement et des activités adaptées à chaque personne. Il s’agit d’employer les bons mots, d’interagir d’égal à égal, de donner du choix, d’adapter l’environnement.

Déployer la méthode Montessori dans un établissement pour personnes handicapées permet d’offrir plusieurs avantages significatifs, au niveau :

• du renforcement de l’autonomie :
  La méthode Montessori repose sur des activités conçues pour permettre aux individus d’acquérir des compétences par eux-mêmes. Pour les personnes handicapées, cela favorise la confiance en soi et l’indépendance dans les tâches quotidiennes, adaptées à leurs capacités.

« Il faut réfléchir aux compétences sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour faire émerger leur propre liberté ‘de mouvement’ » résume une professionnelle

• de l’adaptation individualisée :
  Les principes Montessori prônent le respect des rythmes et des besoins de chacun. Les activités peuvent être personnalisées en fonction des capacités cognitives, sensorielles ou motrices des résidents, ce qui maximise leur participation et leur satisfaction.
• du développement sensoriel et cognitif :
  Les outils Montessori sont souvent multisensoriels, ce qui aide à stimuler les sens et à renforcer la compréhension. Cela peut être particulièrement bénéfique pour les personnes ayant des déficits cognitifs ou sensoriels.

A la MAS Aubrac, la psychomotricienne et l’ergothérapeute ont mis en place le Chariot Montessori, un outil avec une multitude d’activités, et mobile pour que chaque professionnel puisse s’en saisir. Pour en savoir plus

• de la création d’un environnement apaisant :
  L’approche Montessori met l’accent sur un environnement ordonné, esthétique et calme, qui favorise le bien-être des personnes handicapées en limitant les stimuli stressants et en promouvant un sentiment de sécurité.

·  du renforcement des interactions sociales :
Les activités Montessori encouragent le travail en groupe et les échanges, contribuant à améliorer les compétences sociales et à renforcer les liens entre les résidents, les soignants et les familles.